Image & poésie ; Patrie intime, Le vieux parler — Nérée Beauchemin

Le verbe du clocher natal
A gardé toute sa puissance,
Et le vieil esprit de la France
Poursuit l’ancien chemin royal
Vers les grands fonds de l’idéal.

Nérée Beauchemin, Patrie intime, 1928
⚜️ Le monastère au Pied-des-Monts ⚜️
©Mathieu-N-J Langlois 2021 — Monastère des Petits-Frères-de-la-Croix-Glorieuse, à La Malbaie, Québec.

Je vous partage ici un poème de Nérée Beauchemin, le simple médecin de campagne, qui se démarque parmi les poètes canadiens. Son style raconte la vie paisible d’autrefois, ou bien chante nos us, coutumes et traditions. Ce poème-ci loue notre parler canadien, encore si empreint et des poésies enchanteresses de la cour royale, et de la rudesse de ce pays sauvage. Certains mots sont plus recherchés, tel ains, parlure, goutterelle, etc. Pour mieux comprendre le poème dans son contexte, je renvoie à d’autres sources.

Le Vieux Parler, version « traditionnelle ».

Si je le parle, à cœur de jour,
Au pays, avec les miens, comme
Au grand siècle tout gentilhomme
Le parlait aux abbés de cour,
C’est…
Ains seulement par amour.

Ce français vieillot qu’on dédaigne,
Il est natif d’un haut Poitou
Et d’un lointain Paris itou.
Ces termes, que le chaume enseigne,
Ce sont des termes de Montaigne.

Le mot local, très clair, s’entend ;
Du puriste il choque l’oreille ;
Malgré tout, comme il s’appareille,
Et comme il s’accorde pourtant
Avec la parlure d’antan.

L’habitant, dit-on, baragouine.
L’habitant patoise ? C’est faux.
Il remet au jour des joyaux
Qu’incrustent souvent la patine
Et l’illustre rouille latine.

Oyez le parler du hameau :
Il coule comme aux goutterelles
Coulent les sèves naturelles ;
Il coule aux lèvres comme l’eau
Des érables au renouveau.

Mais que l’émoi d’un cœur l’anime,
Ce vieux français, c’est tout chez nous ;
Sous ses aspects âpres et doux,
Ce langage simple et sublime,
C’est toute la patrie intime.

Si le papier le souffre ici,
Oh ! c’est rapport à la victoire
Des patriotes de l’histoire !
Si je le parle encore ainsi,
À Dieu, grand’grâce et grand merci !

Durant trois siècles d’affilée,
La première langue du sol
A lutté sans peur et sans dol.
Malgré rafale et giboulée,
L’honneur et le droit l’ont parlée.

Le verbe du clocher natal
A gardé toute sa puissance,
Et le vieil esprit de la France
Poursuit l’ancien chemin royal
Vers les grands fonds de l’idéal.

— Nérée Beauchemin, Patrie intime, 1928

Le Vieux Parler, version « moderne ».

Publié par Mathieu-N-J Langlois

Épris de philosophie, avec un petit penchant thomiste, il apprécie le chant grégorien, la théologie, la poésie, la photographie, la randonnée et l'histoire ; surtout celle du Canada et de l’Église. C’est le désir de partager ce qu'il a récolté çà et là qui l'a finalement décidé à écrire.

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueueurs aiment cette page :