Le Pont des Chapelets

©Mathieu-N-J Langlois 2017 — Statue miraculeuse de Notre-Dame-du-Cap, reine du Canada, siégeant sur le maître-autel de la chapelle de 1714, au Cap-de-la-Madeleine, Québec.


Je regarde par la fenêtre le banc de neige qui s’est accumulé pendant la dernière poudrerie. Il étincelle de mille diamants de glace, car le soleil est brillant malgré le froid. Mon regard se tourne vers ma Dame du Cap, la reine du Canada. Elle est splendide sous la lumière du soleil hivernal. Les éclats de sa couronne royale se mêlent aux diamants du dehors, réfractant la lumière ici et là. 

En regardant tout autour, la Bible attire mon œil. L’histoire sainte me repasse sous les yeux. L’Exode et la traversée de la mer à pied sec… plus loin Jésus qui marche sur les eaux… Levant les yeux pensif, il me viens soudainement à l’esprit ce temps où, par la force de la prière, le peuple Canadien-Français traversait les eaux du fleuve Saint-Laurent. Oui ! nous aussi avons marché sur les eaux. Qui passerait sur un pont de mince glace, oscillant et ployant à chaque pas, sur un fleuve au courant si puissant, avec des chariots remplis de lourdes pierres ?

Je peut le revoir près de l’endroit où une rivière en fait trois ; le curé priant la Reine du Rosaire, les femmes à genoux dans la neige, égrenant leurs chapelets, priant le rosaire avec ferveur, tandis que la quarantaine d’hommes avançaient avec foi sur des plaques de glaces en embâcle, soudés seulement depuis la veille. Pensez-y-donc, traverser sur de simples glaçons, et à la mi-mars en plus !

Quoi de plus pesant qu’un chargement de pierre ? La foi des ancêtres, de mes ancêtres ! c’est elle qui a déplacée cette montage de pierres par dessus courants et remous, d’une rive à l’autre d’un des fleuves les plus puissant de la terre. Un pont de glace étincelant au soleil de mars, comme le diadème au front de la Vierge couronnée. Un pont de glace reliant la terre à la terre, soutenu par la prière. Reliant la terre aux cieux, l’humain au Divin, avec sa procession de pierre et de dizaines de chapelets. Et à leur droite, et à leur gauche, les eaux du fleuve…

La modeste chapelle est toujours là. Celle qui aurait du être détruite, faute de pierres. Une chapelle qui témoigne continuellement du miracle ; qui honore la Madone couronnée, patronne de l’Amérique du Nord. La Madone qui a ouvert les yeux, et qui nous a regardés, nous ses enfants d’Amérique boréale. Et la Vierge est là, les mains ouvertes, souriante, ravissante. Je la regarde. Qu’elle est radieuse ! Ses yeux sont ouvert. Du moins, sur ma statue…


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Publié par Mathieu-N-J Langlois

Épris de philosophie, avec un petit penchant thomiste, il apprécie le chant grégorien, la théologie, la poésie, la photographie, la randonnée et l'histoire ; surtout celle du Canada et de l’Église. C’est le désir de partager ce qu'il a récolté çà et là qui l'a finalement décidé à écrire.

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