Pourquoi défendre la langue française ?

©Mathieu N-J Langlois 2022 — La Ville de Québec admirée depuis le pont du traversier, à Québec, au Québec.


Chaque langue possède une richesses bien à elle, ainsi que son lot de forces et de faiblesses. La parlure de chaque peuple transpose et anime une vision particulière sur la vie. Par exemple ; la langue inuite est extrêmement précise quand viens le temps de décrire tout ce qui est en lien avec les changements de l’eau ainsi que les divers phénomènes météorologiques. Cependant, elle reste plutôt pauvre pour définir certains éléments philosophiques, ou des réalités théologiques de la foi catholique. 

Dans l’histoire des langues, il y eut certains endroits marqués par la volonté d’un groupe d’individus de discuter avec précision. Aristote fut un pilier central pour la philosophie ; il s’employa courageusement à définir académiquement chaque chose et son école continua son travail au sein de la langue grecque. Dès lors, cette langue fut empreinte de sagesse, car les hommes n’avait plus d’excuses de se chamailler sur un mot analogue ; un même mot signifiant deux réalités différentes. Il est primordial pour avancer dans la connaissance de saisir le fait qu’un mot — tout comme un gratte-ciel — peut avoir plusieurs étages, et qu’il convient de dire à quel étage du mot nous nous référons pour expliquer ce dont nous désirons. Cela évite les disputes inutiles, et avec la précision accrue, avance grandement la connaissance du monde et des choses. 

En parvenant à être douée de cette savante précision, la langue grecque arriva à définir des éléments métaphysiques tel l’âme, l’être, l’essence et l’accident. Graduellement, la langue grecque céda à la langue latine qui était déjà réputé grâce au droit romain. L’Église pris la relève de la perfection linguistique, au travers d’hommes tel que les saints Chrysostome et Augustin, Grégoire le Grand et Thomas d’Aquin, et par ses conciles. Elle fit ainsi d’exceptionelles avancés en théologie ; elle travailla la langue et la parfit.

Mais, autour des mille-cinq-cents, vint un temps où le plus grand nombre ne parlaient ni ne comprenaient ces langues précises. Il se propagea à nouveau un ignoble nombre d’erreurs, largement dû à une mauvaise compréhension du sens littéral de plusieurs textes qui avaient été traduits en langues dites vulgaire, et qui laissaient au lecteur diverses interprétations disparates. Le flot ravageur du protestantisme éclata alors, et chacun s’instaurait maître du savoir et définissait à sa manière tout et rien. Le subjectivisme régnait en maître incontesté.

C’est alors qu’un homme fut chargé de par le roi de France de bouter hors de la Rochelle les révolutionnaires qui menaçaient à la fois le savoir et le trône, et une fois son travail accompli, tel Aristote deux-mille ans auparavant, il fonda une académie. Le cardinal de Richelieu venait de fonder l’Académie Française et par ce fait, il dotait la langue française d’un outil intellectuel qui la garantissait, en grande partie, de ce subjectivisme protestant toute la tradition occidentale. Les mots courants avaient à nouveau une définition donnée, et il devenait ainsi beaucoup plus facile de chercher ainsi que de trouver la vérité. 

Certaines langues, tel l’anglais, sont de nos jour des véhicules pour la transmission des idées-technologies et autres, mais malgré tout, puisqu’elles ne sont pas centralisée et codifiée, il reste toujours une sorte de brume quand vient le temps de discuter philosophiquement. Il n’est pas impossible d’y arriver, mais cela est beaucoup plus ardu, et il y a plus de chance d’errer, car chacun a une marge relative d’interprétation. De plus, il est difficile de lire un philosophe qui a plus d’une cinquantaine d’années, car la langue n’ayant pas de bases solides, les mots prennent et perdent leur significations au fil des caprices du temps. Le champ de tir est donc beaucoup plus large, et la cible plus difficile à atteindre.

Par contre, cette manière de parler reste attrayante ; en parlant d’une manière vague, chacun comprend de la manière qu’il le souhaite et ainsi est ainsi satisfait de ce qu’il a reçut d’autrui. Il est aussi plus facile de diffamer quelqu’un pour quelque chose qu’il n’a point dit, ou qu’il ne voulait pas laisser entendre de telle ou telle manière ; car ayant beaucoup de jeu pour l’interprétation il est aussi facile de faire sous-entendre des faussetés. Ceci est encore plus vrai des traductions qui sont interprétées au gré de l’humeur des traducteurs.

Cela étant dit, je ne prêche pas que la langue française soit parfaite, et qu’il n’y ait jamais eu de penseur qui s’éloignât de la vérité, mais il y a cette différence ; à savoir que nous pouvons analyser avec une précision beaucoup plus accrue les erreurs, et leur remédier de façon bien plus simple. Les ténèbres de la nuit sont éclairées par une lueur de pleine lune. Cela fait du français — à ma connaissance — la seule langue, couramment parlée et facilement apprise par un grand nombre en temps modernes, qui possède une force brute pour remédier aux erreurs subjectivistes de nos temps. Ne méprisons donc pas si vivement la langue de Bossuet, de Molière, de La Fontaine et de Maritain.

Merci au cardinal de Richelieu, c’est un legs immense que vous nous avez fait !

Publié par Mathieu-N-J Langlois

Épris de philosophie, avec un petit penchant thomiste, il apprécie le chant grégorien, la théologie, la poésie, la photographie, la randonnée et l'histoire ; surtout celle du Canada et de l’Église. C’est le désir de partager ce qu'il a récolté çà et là qui l'a finalement décidé à écrire.

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